A. Qu'est-ce que l’élevage intensif ?
L’élevage intensif, c’est un peu comme une "usine à animaux". Son objectif principal est de produire un maximum de viande, d’œufs et de produits laitiers à moindre coût, pour répondre à la demande croissante du marché mondial.
Pour y parvenir, des milliers d'animaux sont regroupés dans des installations fermées, avec un espace limité et des conditions standardisées pour maximiser la productivité.
Contrairement à l’élevage extensif, qui permet aux animaux de vivre en plein air et de se déplacer librement, l’élevage intensif prive souvent les animaux de tout accès à l'extérieur.
Par exemple, selon l’ONG Compassion in World Farming, 74 % de la production mondiale de viande provient de l’élevage intensif, où les animaux passent toute leur vie dans des espaces confinés (Compassion in World Farming, 2018).
Ce modèle permet de produire de grandes quantités de viande à des prix compétitifs, mais soulève des questions importantes sur les conditions de vie des animaux et les compromis éthiques liés à ce type de production.
B. Conditions de vie des animaux dans l’élevage intensif
Les conditions de vie dans l’élevage intensif sont souvent éprouvantes pour les animaux. En raison de la surpopulation, ils disposent de très peu d'espace pour se déplacer, ce qui engendre un stress constant et favorise des comportements anormaux.
Par exemple, une poule en batterie dispose en moyenne de 600 cm² d’espace (environ la taille d’une feuille A4), ce qui ne lui permet pas d’étendre ses ailes (Humane Society International, 2020). Cette privation d’espace affecte considérablement le bien-être des animaux.
Leur alimentation est également standardisée pour maximiser la croissance et la production, souvent au détriment de leur santé. Les poulets de chair sont élevés pour atteindre un poids de 2 kg en seulement 6 semaines, soit deux fois plus rapidement qu’il y a 50 ans, ce qui entraîne des problèmes de santé comme des déformations des pattes et des insuffisances cardiaques (World Animal Protection, 2019).
Pour prévenir les maladies dans ces environnements surpeuplés et limiter les pertes, des antibiotiques sont fréquemment administrés, parfois même de manière préventive.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 80 % des antibiotiques vendus aux États-Unis sont utilisés dans l'élevage, contribuant au problème mondial de la résistance aux antibiotiques (OMS, 2017). Cela présente des risques pour la santé publique, car la résistance aux antibiotiques se transmet des animaux aux humains, réduisant ainsi l'efficacité de certains traitements médicaux.
Enfin, les voyages vers les abattoirs constituent une dernière épreuve pour ces animaux déjà affaiblis. En Europe, les animaux peuvent être transportés jusqu’à 8 heures sans pause, et dans certaines conditions, ce délai peut être prolongé.
En 2020, la Commission européenne a estimé qu'environ 1,6 milliard de volailles et 300 millions de mammifères étaient transportés chaque année vers les abattoirs, souvent dans des conditions difficiles qui provoquent un stress extrême et augmentent les risques de blessures (Commission européenne, 2020).
C. Les motivations économiques derrière l’élevage intensif
Alors, pourquoi continue-t-on de pratiquer l’élevage intensif malgré les problèmes éthiques et sanitaires qu’il pose ? La réponse tient principalement à des motivations économiques.
La demande mondiale en viande ne cesse d'augmenter : entre 1961 et 2018, la consommation mondiale de viande est passée de 70 millions de tonnes à plus de 340 millions de tonnes (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, FAO, 2018). Face à cette demande massive, l’élevage intensif s’impose comme la solution la plus rapide et rentable pour répondre aux besoins du marché.
Les grandes entreprises de l’industrie agroalimentaire exercent une pression importante pour maintenir des coûts de production bas et maximiser les profits. L'élevage intensif leur permet de produire de grandes quantités de viande à des prix compétitifs, ce qui serait impossible avec des méthodes d'élevage extensif, plus coûteuses et nécessitant davantage d’espace et de temps.
Cette course à la rentabilité a un prix : la réduction des coûts se fait souvent au détriment du bien-être des animaux. Par exemple, dans les élevages intensifs de porcins, la densité de population peut atteindre jusqu'à 10 porcs par mètre carré, ce qui provoque stress, agressivité, et problèmes de santé (Compassion in World Farming, 2018).