Les énergies dirigent le monde
Transition hors des énergies fossiles ?

Croissance et conséquences

Un puit de forage à pétrole au milieu de l'océan

Publication:

À l'ère où le réchauffement climatique et les défis environnementaux dominent les débats mondiaux, notre article intitulé 'Les énergies dirigent le monde' propose une immersion profonde dans le cœur battant de ces enjeux.
Avec le récent rapport alarmant du GIEC et les objectifs ambitieux des accords de Paris visant une réduction de la température globale de 2 degrés d'ici 2050, il devient impératif de comprendre les forces qui façonnent notre planète.

Dans cet article, nous remonterons aux origines des énergies fossiles, ces acteurs centraux du scénario énergétique mondial, pour démêler comment ils ont propulsé l'humanité vers des sommets de développement, mais aussi vers des précipices écologiques.

En parcourant ce récit, nous explorerons les racines de notre dépendance actuelle aux énergies fossiles et la manière dont elles continuent de diriger les rouages du monde, tout en cherchant des pistes pour un avenir plus durable.

Je tenais également à vous présenter une sélection d'ouvrages pertinents pour chaque chapitre abordé, dans l'espoir qu'ils enrichiront votre compréhension et appréciation du sujet.

Quand les machines ont commencés à remplacer le travail des hommes

Afin de mieux comprendre comment nous en sommes arrivés à dépendre autant des énergies fossiles, revenons à l'époque où tout a commencé vers la fin du XVIIIe siècle au Royaume-Uni, précisément entre 1780 et 1810, avec l'extraction massive du charbon et l'exploitation de la machine à vapeur: l'ère industrielle.

Vous vous souvenez de ces grandes cheminées fumantes dans les vieilles photos d'usines ? Eh bien, c'est là que notre histoire débute et tout particulièrement grâce à un inventeur écossais du nom de James Watt et son invention : la machine à vapeur. Enfin pas tout à fait...

Si la machine à vapeur est souvent associée au nom de l'inventeur écossais James Watt, il est important de noter que c'est en réalité Thomas Newcomen qui en est le véritable créateur au début du 18ème siècle .
Cependant, James Watt a joué un rôle crucial en apportant des améliorations majeures à cette invention. Ses modifications ont considérablement augmenté l'efficacité et l'utilité de la machine à vapeur, ce qui a par la suite grandement contribué à l'accélération de la croissance de l'industrie.

Cette invention a été une véritable révolution ! Non seulement elle a permis d'améliorer grandement la production industrielle, mais elle a aussi changé notre manière de voyager et de transporter des marchandises...
En effet, le premier train à vapeur a fait son apparition en 1825. Toutefois, il a fallu attendre 1830 pour que les trains commencent à transporter des passagers, et non plus seulement des matières comme le charbon.
Mais attention, si cette époque a été synonyme de progrès et de croissance économique, elle a aussi marqué le début d'un problème majeur : la pollution.
En brûlant du charbon, ces machines libéraient de grandes quantités de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, contribuant ainsi au réchauffement climatique que l'on connait et observe aujourd'hui. D'ailleurs le mot pollution n'était pas encore connu du moins pas utiliser pour ces terme

Les origines du mot : "pollution"

Selon l'Organisation mondiale de la santé, la pollution atmosphérique est responsable de millions de décès prématurés chaque année. Cela inclut l'impact massif des produits chimiques et la pollution des terres et des mers, comme le tristement célèbre 'septième continent de plastique' découvert en 1997. Face à cela, une réponse internationale s'impose.

Comme en parle l'auteur François Jarrige dans son livre "La contamination du monde" historiquement, le mot 'pollution', d'origine latine, évoquait la souillure. Auparavant lié à des notions de nuisance ou d'insalubrité. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que le mot a commencé à prendre son sens moderne, celui qu'on connaît aujourd'hui, en parlant de la dégradation de notre environnement.

Ce changement de sens a pris presque deux siècles, et c'est dans les années 1970 que le mot 'pollution' est devenu vraiment populaire. Au début, il servait surtout à parler de la pollution des rivières, comme dans l'expression anglaise 'the pollution of the stream' en 1804. Et puis, il a commencé à englober aussi la pollution de l'air.

C'est après 1900 que le mot 'pollution' a vraiment commencé à parler de l'air. Selon les langues, l'accent varie entre les risques pour la santé et les aspects esthétiques de la pollution. Par exemple, en allemand, avec le mot 'Verschmutzung',qui met en lumière l'impact visuel.

Après le charbon vient le pétrole

Après une période dominée par le charbon, qui a alimenté la Révolution industrielle, c'est le tour du pétrole de changer la donne. Cette nouvelle ère débute avec une avancée remarquable d'Edwin Drake, souvent appelé 'Colonel Drake'. Le 27 août 1859, il réalise le forage du premier puits de pétrole à Oil Creek, en Pennsylvanie, un événement marquant qui va ouvrir la voie à l'exploitation du pétrole à une échelle jamais vue auparavant.

un pipeline au milieu de vague océaniques

Ce changement a eu un impact profond. Le pétrole a rapidement supplanté le charbon, redéfinissant les moyens de transport, le chauffage, et même les relations internationales. Le pétrole est devenu une ressource centrale, un peu comme le moteur de notre modernité, redessinant les aspects économiques et politiques du monde. Ainsi, si le charbon a été le pilier de l'ère industrielle, le pétrole est le symbole de notre époque actuelle, illustrant parfaitement comment une seule découverte peut transformer notre façon de vivre .

Plus tard, nous explorerons également les implications plus larges de notre dépendance au pétrole, en examinant son impact sur les enjeux climatiques et la biodiversité.
Nous aborderons aussi les conséquences de cette dépendance énergétique et comment cette ressource fossile influence et façonne les dynamiques mondiales.

Rappelons ce qu'est le petrole :

Le pétrole appartient à la famille des hydrocarbures, qui regroupe des molécules de structures variées, allant du gaz naturel au bitume solide.
Aussi appelé 'huile de roche', Ces molécules, très répandues, se sont formées il y a un milliard d'années à partir de matières organiques, principalement du plancton et des bactéries, dans les fonds marins anciens.
Les mouvements géographiques et climatiques ont ensuite enrichi certaines régions du monde en pétrole, notamment le golfe Persique, la mer Caspienne, et d'autres zones majeures.

dessin des exatractions de petrole

Petrole, charbon, gaz les symptômes d’un mal inexorable

Les énergies fossiles en plus de leur importante émission de gaz à effet de serre, dont nous discuterons bientôt, connaissez-vous également la deuxième problématique principale ? l'épuisement des ressources naturelles.
En continuant d'extraire et de brûler charbon, pétrole et gaz naturel, qui sont des ressources non renouvelables, nous nous dirigeons vers un risque de pénurie, en raison principalement des grandes difficultés d'extraction. Cela pourrait entraîner des perturbations économiques importantes à long terme. Si le sujet vous passionne je vous conseils "Pétrole le déclin est proche" de Matthieu Auzanneau.

Prenons l'exemple du pétrole : en l'utilisant jusqu'à épuisement, nous nous dirigeons vers des scénarios climatiques défavorables, tels que décrits par le GIEC. Cette situation pourrait aussi ouvrir la voie à des instabilités géopolitiques, créant des tensions pour l'accès à ces ressources précieuses. C'est donc un sujet à prendre en considération pour envisager des solutions durables pour l'avenir.

aujourd'hui en 2023/2024 - Nous consommons trois fois plus de pétrole qu’en 1960 et nous découvrons en moyenne sept fois moins de pétrole conventionnel.
L'humanité consomme bien plus que ce que la terre peut nous offrir et c'est valable pour toutes les énergies dites non renouvelables

Dans un livre intitulé "Chronique énèrgetiques" que je vous conseils de lire si le sujet vous passionne l'auteur nous donne cet exemple très parlant :

- Comme nous l'avons vu précédement brûler des combustibles fossiles, c’est donc brûler de la biomasse accumulée en très grande quantité dans le sous-sol. On estime que les réserves de charbon sont d’environ 1 000 milliards de tonnes en 2020, et on en consomme 8 milliards de tonnes par an – il en resterait donc pour 125 ans à consommation constante.

- L’humanité brûle ces combustibles environ 1 million de fois plus vite qu’ils ne se sont formés…

- Pour prendre un exemple à notre échelle, imaginons que nous ayons épargné pendant 40 ans pour notre retraite. Au rythme de notre consommation d’énergies fossiles, cela correspond à dépenser cette épargne 1 million de fois plus vite que le temps pris pour la constituer, et dilapider intégralement 40 ans d’économies en 20 minutes. Quelle personne sensée ferait cela ?"

Les énergies fossiles et leurs impacts sur la biodiversité :

Malgré les effets inconsidérables sur notre planete Les énergies fossiles, pétrole, gaz naturel, charbon, procurent encore les quatre cinquièmes de l’énergie consommée dans le monde. Et contribuent à augmenter les températures de notre atmosphère avec des effets désastreux sur notre biodiversité.

Comme l'évoque avec pertinence Aurélien Barreau :

  • Tous les 2 jours nous tuons plus d'animaux que d'êtres humains vivants

  • En quelques décennies nous avons éradiqué les 2/3 des mammifères et des poissons

  • Les espèces disparaissent à un rythme de 1000 à 10 000 fois supérieur à la normal.

  • L'eau de pluie est devenue impropre à la consommation

un papillon butine les fleurs

Et pour finir, en quelques milénaires nous avons éradiqué les 2/3 des arbres...

La liste est longue et pourrait encore continuer, ça peut parfois donner l'impression que c'est trop tard pour agir, surtout face aux grands lobbies pétroliers. Mais, je vous assure, ce n'est pas le cas ! Si cet article vous fait découvrir certaines de ces informations pour la première fois, et que vous vous sentez un peu dépassé, sachez qu'il y a de l'espoir, rien n'est impossible

Les grands changements de notre histoire, notamment politiques, émanent toujours du peuple, et il est historiquement reconnu que ce n'est pas toujours la majorité qui initie ces transformations significatives.

Il existe de nombreuses associations, qui proposent des actions concrètes pour un changement positif. Ils ont des solutions réalistes, qui peuvent être appliquées à l'échelle locale, régionale, et même européenne.
On discute de l'aménagement du territoire, des actions collectives, et du développement des énergies renouvelables et décarbonées. Même si tout n'est pas parfait et que chaque solution a ses défis, ces démarches sont importantes, c'est le sujet évoqué dans le prochain paragraphe de cet article.

Mais ce n'est pas tout : il y a aussi les gestes individuels. Ils ne représentent que 20% des émissions de gaz à effet de serre, mais ils jouent un rôle crucial dans notre quête du changement.

Chaque action compte, et c'est en cumulant ces petits gestes qu'on peut vraiment faire la différence. Pour en savoir plus sur les bonnes pratiques à adopter, n'hésitez pas à lire notre article dédié. Il regorge d'astuces et de conseils pour ceux qui veulent agir à leur échelle pour un avenir plus vert.

Les énergies renouvelables et décarbonées

Parmi les énergies renouvelables, on trouve les éoliennes, les panneaux solaires, la biomasse (comme le bois), l'hydroélectricité et la géothermie. Quant à l'énergie décarbonée, elle est principalement produite par le nucléaire.

Une énergie est dite renouvelable si son renouvellement est assez rapide pour qu’elle puisse être considérée comme inépuisable à l’échelle du temps humain. Ci dessous un tableau pour vous permettre de comprendre leurs différentes émissions de gaz à effet de serre.
Seulement nous voyons ici que la partie cachée de l'ice berg puisque malheureusement toute utilisation d'énergie a un impact sur l'environnement.

tableau qui presente les difference d 'émission de gz à effet de serre (ges) entre les énergies fosiles et décarbonnée renouvelable

Les énergies renouvelables s'aditionnent

Il apparaît malheureusement que les énergies renouvelables, plutôt que de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, tendent à s'y superposer, contribuant ainsi à une augmentation de la croissance mondiale. Cette réalité se manifeste notamment dans plusieurs pays qui ont investi massivement dans l'implantation de parcs éoliens.

Mais ce n'est pas tout, dans d'autres parties du monde, on a découvert que certaines éoliennes, surtout celles en mer du Nord, serviraient en fait à alimenter des plateformes d'extraction de pétrole et de gaz.
Et aux États-Unis, les petites centrales nucléaires, ou SMR ('Small modular reactor'), ont été certifiées. Elles sont même attendues au Canada pour aider à 'décarboner' l'exploitation des sables bitumineux dans les plaines de l'Alberta.

C'est un donc paradoxal de voir qu'on utilise des technologies propres pour soutenir l'exploitation d'énergies fossiles. C'est un sujet complexe qui montre bien les défis de la transition énergétique s'entre mêle entre croissance, politique mondial et déreglement climatique.

parc d'éoliennes

La guerre du nucléaire ?

La 'guerre du nucléaire' est un débat passionné qui divise l'Europe et le monde. En europe par exemple, la France a opté pour le maintien, voire le développement, de son parc nucléaire.
En revanche, l'Allemagne a pris la voie opposée : le 15 avril 2023, elle a définitivement fermé ses dernières centrales nucléaires, 21 ans après avoir décidé d'abandonner l'énergie nucléaire.

Mauvaise ironie du sort, face à la fermeture de ses centrales nucléaires, le pays a dû gérer une crise énergétique, aggravée par les tensions en Ukraine. Ces événements ont coïncidé aussi avec les attaques sur les gazoducs Nord Stream, essentiels à l'approvisionnement en gaz de l'Allemagne. Cette série de défis a contraint l'Allemagne à prendre une décision difficile : la réouverture de centrales à charbon pour pallier le déficit en électricité.

Cette décision n'est pas sans conséquences, notamment d'un point de vue écologique. Bien que le charbon soit moins cher que le gaz, il est beaucoup plus polluant, surtout à cause des particules fines qu'il émet.
Pour mettre les choses en perspective, une étude scientifique a évalué qu'1 térawattheure d'électricité produite par le nucléaire entraîne environ 0,04 décès, contre 36 pour le pétrole et 100 pour le charbon.

Les pro-nucléaire

Les défenseurs du nucléaire mettent en avant la puissance des centrales nucléaires comme l'un des atouts majeur, permettant ainsi de répondre aux besoins énergétiques.
Par exemple, un réacteur nucléaire moyen en France peut produire 900 MW, ce qui équivaut à 7 884 000 MWh par an. Pour atteindre une production similaire avec l'éolien, il faudrait environ 1 432 éoliennes de 2,5 MW, ce qui pose des questions sur l'occupation des sols et l'impact sur l'environnement local, notamment en termes de réchauffement des terres. D'ailleurs, Jean Marc Jancovici explique très bien ces péocupations dans son ouvrage : "Dormez tranquille jusqu'en 2100"

l'autre avantage, résiderait aussi dans le stockage de l'énergie. Les centrales nucléaires ont l'avantage de pouvoir moduler leur production selon les besoins, contrairement aux éoliennes et aux panneaux solaires qui dépendent des conditions météorologiques.
Lorsque le vent souffle ou le soleil brille, c'est parfait, mais en leur absence, la question du stockage de l'énergie se pose.

Cette problématique soulève des défis techniques et financiers importants. Imaginer des solutions de stockage, comme la construction de nouveaux barrages, nécessite un investissement conséquent.
Pour atteindre une production énergétique équivalente à celle du nucléaire, tout en poursuivant les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et en répondant à une demande énergétique croissante, les coûts pourraient se chiffrer en milliards d'euros.

Les anti-nucléaire

Les opposants au nucléaire mettent en avant les risques de pollution nucléaire et les dangers associés, en rappelant des catastrophes historiques telles que celle de Tchernobyl.
Ils soulignent particulièrement les problèmes de sécurité et les impacts environnementaux durables liés à la gestion des déchets nucléaires, y compris les risques liés à leur transport et leur enfouissement, qui peuvent contaminer les sols et présenter des dangers pour la santé en cas de fuites radioactives.

Ce débat entre puissance et sécurité, entre efficacité et durabilité, est au coeur des discussions sur l'avenir énergétique et des associations tel que greenpeace lèvent régulièrement des actions importantes contre le nucléaire.

un paysage magnifique d'un champs vert et d'un couché de soleil

2050 et "2100 alors ?

Même si on comprend les difficultés aux niveaux national et mondial, notre atmosphère continue de se réchauffer. L'Accord de Paris vise à limiter l'augmentation des températures à moins de 2 degrés Celsius avant 2050 et à atteindre une neutralité carbone. Mais malheureusement, les décisions géopolitiques mondiales semblent orientées vers une croissance continue.

Selon le pire scénario du GIEC, nous pourrions voir une hausse des températures de 4,4 degrés d'ici 2100, avec une augmentation puis une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Pourquoi cette baisse ?
En partie à cause de la pénurie en énergies fossiles évoqué un peu plus haut dans cet article. Et oui, cela pousse à réfléchir...

Je finirais mes écrits avec François Gemenne, Spécialistes des questions de défense et de climat.
Dans son livre 'L'écologie n'est pas un consensus', il rappelle l'importance d'agir ensemble, mais surtout pour les autres.
Il souligne un décalage entre nos actions et leurs conséquences immédiates. Agir pour le climat, c'est avant tout agir pour les autres, plutôt que pour nos propres intérêts, rendant la cause encore plus difficile.

La crise du COVID-19 a montré notre capacité à réagir face à un danger immédiat, mais le défi est de comprendre l'importance d'agir maintenant pour un futur lointain, comme celui de 2100.

"Si nous décidons que « c’est impossible », nous choisissons explicitement la mort. Presque toutes les grandes civilisations qui se sont effondrées étaient prévenues de leur effondrement, mais se sont révélées incapables de se transformer.
Réussirons-nous là où elles ont échoué ? Si tel n’est pas le cas, nous entraînerons beaucoup d’otages dans notre chute."


Aurélien Barrau - Extrait du livre : Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité